Monet, Renoir, Bazille et Sisley vivent une première émancipation. L'école privée qu'ils fréquentent depuis le début des années 1860, tenue par le peintre er professeur à l'École des Beaux-Arts Charles Gleyre, va fermer. Monet, bientôt imité par ses camarades, en profite pour abandonner un apprentissage qui lui paraît décalé avec son idéal artistique. L'hospitalité de Bazille, le moins impécunieux d'entre eux et qui possède un vaste atelier, leur permet d'affronter cette période difficile tout en continuant de travailler.
Ceux qu'on réunit parfois sous le nom de « groupe des Batignolles » parviennent alors à se rapprocher de Manet, dont ils reçoivent la leçon. Les rencontres ont souvent lieu au café Guerbois, un établissement du quartier de l'actuelle place Clichy, à Paris, fréquenté par des peintres mais aussi des écrivains et des critiques. Devant l'incompréhension du jury du Salon annuel de peinture, l'appui des écrivains s'avère précieux. Et en particulier celui des écrivains journalistes qui, à l'instar d'Émile Zola, défendent la cause de la nouvelle école. Ami d'enfance de Cézanne, Zola restera perplexe sa vie durant la peinture impressionniste. Mais sa conviction est entière : les institutions artistiques doivent être refondées.
Et sa plume est virulente. Comparant le Salon à un « immense ragoût artistique qui nous est servi tous les ans », Zola s'enflamme dans les colonnes du quotidien l'Évènement : qu'il s'agisse de Manet ou des autres, il exige « que les artistes qui seront à coup sûr les maîtres de demain ne soient pas les persécutés d'aujourd'hui » (l'Évènement, 27-30 avril 1866).